La question environnementale en Haïti à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
- Wilbert ALEXIS
- 16 oct.
- 3 min de lecture

Le dimanche 24 août 2025, à l’occasion du 18e Congrès Charismatique de l’Archidiocèse du Cap-Haïtien, l’économiste et politologue Joseph Harold PIERRE a présenté une conférence intitulée « La question environnementale en Haïti à la lumière de la Doctrine sociale de l’Église ».
Joseph Harold PIERRE, qui est aussi porteur de l’idée d’une nouvelle opinion publique en Haïti, a commencé sa présentation en disant que la Doctrine sociale de l’Église est l’ensemble des réflexions menées par l’Église catholique pour orienter les chrétiens sur des questions sociales, économiques, politiques et environnementales. Cette Doctrine a commencé en 1891 avec l’Encyclique Rerum Novarum du Pape Léon XIII et se fonde sur des principes comme le respect de la dignité de l’être humain, le bien commun et la solidarité. Le conférencier a rappelé aussi que les documents de la Doctrine sociale de l’Église sont adressés non seulement aux chrétiens mais aussi à toute personne de bonne volonté.
Rentrant dans le vif du sujet, le Professeur Joseph Harold PIERRE a affirmé que l’Encyclique Laudato Si’ du Pape François est la réponse de l’Église catholique à la question écologique, c’est-à-dire l’ensemble des préoccupations du monde liées au réchauffement climatique, à la perte de la biodiversité, au déboisement, etc.
Dans la réalité haïtienne, à travers les ficelles de cette doctrine, l’émetteur fait une étude comparative plus précisément entre la ville du Cap-Haïtien et celle de Port-au-Prince dans leur mauvaise gestion des déchets, où l’insalubrité est criante, due à une surpopulation démesurée et une misère chronique par faute de défaillance de l’État haïtien et de l’absence d’élites économiques, politiques et intellectuelles. Et comme résultat, le niveau sanitaire des habitants est précaire et, à l’échelle internationale, le pays figure parmi les 5 pays du monde où les problèmes environnementaux sont extrêmes.
L’émetteur incombe cette insalubrité aussi à une vulnérabilité d’une population où 40 % de cette dernière vit avec moins de 250 gourdes par jour, au paysan qui se livre aveuglément à l’abattage des arbres, au chômage, à l’inégalité sociale, à la corruption, à l’insouciance des entreprises privées envers l’environnement et à d’autres facteurs qui affectent négativement le bien-être de l’Haïtien ainsi que le milieu écologique où il vit.
Joseph Harold PIERRE a établi le lien existant entre la crise environnementale et la pauvreté en Haïti. Pour lui, ces deux problèmes ne peuvent être abordés de façon séparée, car ils forment un tout. Ce sont les pauvres qui souffrent le plus des catastrophes environnementales dans le pays. Il rappelle que, suivant certaines recherches, d’ici 2039, Haïti perdrait plus d’un tiers de la précipitation moyenne en pluie, laquelle passerait donc de 1500 mm actuellement à 935 mm en 2039. Or, l’immense majorité de la population rurale vit de l’agriculture qui dépend à 90 % des pluies, augurant donc une augmentation de la misère dans le pays, si rien n’est fait. Il affirme que, pour résoudre le problème de la crise écologique dans le pays, il faut commencer par résoudre le problème de la pauvreté. Voilà pourquoi il a entonné avec cette foule immense qui a assisté au 18e Congrès charismatique que : « Lamizè ak fatra nan lari se menm bagay. Ou pa ka rezoud youn san lòt. »
Le Professeur Pierre a abordé aussi la question de la dette écologique des pays développés envers les pays en voie de développement. Il exprime sa joie dans la démarche de reconnaissance, par la France, de sa dette envers Haïti qui est à la fois monétaire et écologique. En effet, après l’indépendance, rappelle l’économiste et politologue, 90 % de la terre d’Haïti était couverte d’arbres, alors qu’aujourd’hui, la couverture végétale ne représente que 4 % du territoire.
Pour remédier à cette situation, le conférencier propose une série d’actions concrètes à trois niveaux. Comme action individuelle, il a proposé d’éteindre les lumières, de ne pas jeter les fatras dans les rues, de ne pas gaspiller l’eau. Comme action communautaire, de sensibiliser les gens aux méfaits d’une mauvaise gestion des déchets notamment sur la santé des plus pauvres. Comme action nationale, d’avoir le contrôle des acteurs politiques en exerçant, par exemple, de la pression sur les mairies, tel que préconisé par le Pape François dans Laudato Si’, pour une gestion responsable des déchets.
Enfin, il affirme que la cause première de la crise environnementale dans un pays comme Haïti est une expression de la pauvreté, mettant en évidence l’inexistence de l’État. Pour résoudre le problème, le porteur de la nouvelle opinion publique recommande à l’immense foule venue de partout pour assister au Congrès charismatique de s’engager socialement, environnementalement et politiquement, car, comme chrétien, affirme-t-il, il faut faire de ce monde le prélude du monde à venir. Ne pas s’engager équivaut à se dérober à son devoir chrétien.








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