Éditorial : Le Président Fritz Alphonse Jean, le corps au milieu des vautours

L’Economiste Fritz Alphonse Jean est arrivé à la tête du Conseil présidentiel de Transition-CPT le 7 mars 2025. Il remplace l'architecte Leslie Voltaire à ce poste, conformément à la résolution prise entre les Conseillers-Présidents pour procéder à une présidence rotatoire, depuis l’installation du Collège Présidentiel, le 25 avril 2024.

Mais, même avant la montée de Fritz Alphonse Jean au «pouvoir», il y avait déjà des grognes et des grincements de dents de toute part. Comme s’il ne fallait pas attendre le maçon aux pieds du mur pour le reconnaître. Les tractations internes et externes devant empêcher cette passation de responsabilités étaient montées d'un cran : lynchages sur les réseaux sociaux, le réveil des vieux «démons», accusations de tout bord…et même une bonne frange de la ''presse'' haïtienne s’est mêlée de la partie. Ah…la presse. En ce qui concerne certains dinosaures de la classe politique, rien n’étonne. Vraiment rien.

Cependant, à attendre des membres de l’Accord de Montana dénigrer celui qu’ils devraient accompagner et soutenir, même par esprit de corps, par solidarité et par principe, c'est sidérant. Mais pas vraiment. Car depuis les élections internes (Montana) pour le poste de Président, lorsque certains membres de l’Accord de Montana ont compris que l'Économiste allaient l’emporter sur le Sénateur Edgard Leblanc Fils, ils ont commencé par ourdir des complots pour l’évincer jusqu’à lui demander de se retirer de la course présidentielle-interne et de se présenter comme Premier ministre, dans le cadre de ces élections-partisanes qui visaient à éjecter le Premier ministre Dr Ariel Henry du pouvoir.

Fritz Alphonse Jean s’est montré têtu. Invaincu. Déterminé. Il est devenu Président de l’Accord de Montana. Paradoxalement, la première opposition à l’homme est venue de l’Accord de Montana. Les premières critiques médiatiques sont venues de l’intérieur. On en veut pour preuves les screens-shorts fuités sur les réseaux sociaux où les membres de cette fédération sociopolitique traitaient Monsieur Fritz Alphonse Jean de tous les noms. Même du pire. Incroyable mais vrai.

Le 7 mars 2025. Fritz Alphonse Jean est devenu Président du Conseil présidentiel de Transition avec pour mission de poursuivre les grands chantiers de la Transition : Sécurité. Constitution. Élections. Economie. Humanitaire…Et plus d'un mois plus tard, c’est presque toute la classe politique haïtienne qui se déferle contre lui. Il y a même une frange du secteur économique qui soutient le coup également…Les réseaux sociaux et de communication s’enflamment. Mais ce qu’ils oublient, c’est que Fritz Alphonse Jean n’est pas le Président de la République d’Haïti. Il est le Président du Conseil présidentiel de Transition avec pour attribution: coordonner les actions et les activités des Conseillers-Présidents avec un simple rôle et une simple mission symbolique. Voilà!

Mais, on dirait que la peur de l'immensité de l'homme rend certains politiciens et certains communicants tellement aveugles que, lorsque vous les entendez parler du Président Fritz Alphonse Jean, on estimerait qu’il a un mandat d’une durée indéterminée et que tous les maux de la République ont commencé le 7 mars 2025. Alors là, il faut croire que ce qui se règle ne se règle pas contre le Conseil présidentiel de Transition, mais contre son actuel Président. Car, même s’il est évident que les conditions sociopolitiques et humaines de la population ne changent pas ni ne s’améliorent depuis l’arrivée du Conseil présidentiel de Transition, il est inconcevable de rendre Fritz Alphonse responsable des "animaux malades de la peste".

Tout le monde savait que le Conseil Présidentiel de Transition-CPT était budgétivore par sa quantité de membres et les exigences sociopolitiques et économiques qui viennent avec. Mais neuf (9) grandes structures composées de ce qu’il y a vraiment de plus ancien et de plus présent sur le terrain donc, les ténors de la classe politique et de la société civile haïtienne et même le secteur privé des affaires, cette fois, se sont présentés au-devant de la scène, mains en l’air et cheveux au vent, pour mettre en place le Conseil Présidentiel de Transition. Tout le monde savait que la Présidence rotatoire serait un échec cuisant. Mais des ténors, des politiciens en ont fait la promotion dans la presse haïtienne pendant un bon bout de temps pour y parvenir. Vive la théorie de la chaise musicale! Et puis un jour...

Exception des rares hommes politiques de la place

Depuis la genèse de la démarche, le Colonel Himmler Rébu montait au créneau pour dénoncer le processus, même s’il était toujours présent dans les réunions y relatives et même à l’installation du Conseil Présidentiel de Transition.

L’autre homme politique qui s’est prononcé sur la question est l’ancien Premier ministre Evans Paul. Pour lui, il n’y a pas un banc présidentiel au Palais National. Il y a juste une chaise présidentielle. C’est classique. Maturité politique oblige.

Mais que l’on vienne faire croire que l’esclavage a commencé le 7 mars 2025, c’est accuser l’homme pour le noyer. C’est faire preuve de très peu de stratégies politiques.

Et ce dont on ne parlera pas dans ce texte, c’est que des hommes politiques préfèrent s’allier aux démons pour combattre l’actuel Président du Conseil présidentiel de Transition dont le mandat prendra fin demain, dès l’aube.

Pourquoi cette animosité et cette véhémence contre lui?

Fritz Alphonse Jean fait partie des rares hommes politiques et intellectuels du pays à qui l'on on ne peut reprocher grand-chose. Ancien Gouverneur de la Banque Centrale, l’une des plus prestigieuses Institutions à l'échelle planétaire, il s’est montré responsable des principes, visionnaire, lors de son mandat, en démontrant que les Régions du pays sont capables d’exister sans la république de Port-au-Prince, en instaurant l’une des plus importantes succursales de la Banque de la République d’Haïti das le Nord d'Haiti (BRH-NORD) desservant toute la région septentrionale.

Professeur d'Universités, Fritz Alphonse Jean fait la promotion d'un discours de rupture depuis plus d’une vingtaine d’années dans le pays. Car, selon lui, la crise haïtienne est née d’une mauvaise répartition et d’une utilisation sectaire et ségrégationniste des richesses et ressources nationales. ‘’Haïti, la fin d’une histoire économique’’, Fritz Alphonse Jean.

Fritz Alphonse Jean, par sa crédibilité, ses dimensions académiques, ses expériences...jouit d’une très grande réputation au niveau international et serait un grand atout pour la Nation afin de redonner l’image du pays. "Mais on dit qu’en politique, on ne fait pas de cadeau". Et si les politiciens et alliés s’unissaient autour de Fritz Alphonse Jean pour l'aider dans le cadre de l’implémentation des grands chantiers de la Transition ?

Le corps et les vautours

Il est écrit : « Là où est le corps, c’est là aussi que se rassembleront les vautours ». De ce fait, Président du Conseil Présidentiel de Transition, Fritz Alphonse Jean va devoir faire preuve de sérénité, de stratégie politique et de pragmatisme économique dont lui seul a le secret, pour se mettre à la hauteur des enjeux de l’heure et couper coup aux détracteurs de son [petit...] mandat de Président [du Conseil Présidentiel de Transition] de la République d’Haïti. Sinon, les vautours risquent de le déchirer, de le broyer, quitte à ce qu’ils perdent leurs dents et s’étouffent, pour après se réinventer et se réinviter. Car c'est le comble des politiciens d'ici. L’assassinat du Président Jovenel Moïse en est l'exemple. Ils sont capables de tout, en dehors du terrain. Alors, « prenez un bon conseil » le Cid. P.C.

Médiathèque